LA MÉMOIRE HISTORIQUE

ANJEL LEKUONA

La vie d'Anjel Lekuona, comme celle de tant d'autres qui, comme lui, ont donné leur vie et souffert de la barbarie d'une guerre et de ses conséquences, nous aide à comprendre l'importance de la mémoire. Son histoire est celle de la souffrance, mais aussi de l'humanité, de l'honnêteté et de la dignité.

SOUFFRANCE, CENDRES, HUMANITE,
DIGNITE ET MEMOIRE

Le sauvetage de notre histoire

À la mémoire d'Anjel Lekuona, né à Busturia en 1913 et assassiné par les SS à Hradištko le 9 avril 1945.

Grâce au courage de M. Frantisek Suchy, responsable du crématorium civil de Strasnice à Prague et à son fils, qui ont identifié, répertorié et conservé les cendres de milliers de prisonniers victimes de la barbarie nazie, nous avons pu retrouver celles d'Anjel, situées au Mémorial de Strasnice, à Prague, précisément trouvent dans l'urne 62.559

Merci également à Grégoire Uranga, d'Urrugne, pour avoir relaté dans une lettre adressée à la famille Lekuona les tragiques pérégrinations de cet habitant de Busturia à travers différents camps de concentration nazis.

Une lettre
manuscrite, clé
dans l'enquête

En 2000, l'enquête sur Anjel Lekuona a commencé. En extrayant des données de la lettre que Gregoire Uranga, originaire d'Urruña et compagnon d'Anjel Lekuona dans le camp de concentration, a envoyée à la famille Lekuona à l'été 1945, on a appris qu'il s'était enfui en France en 1939 et avait travaillé comme bûcheron. Il est également connu qu'il a été arrêté à l'été 1943 quelque part dans les Pyrénées, près du camp de Gurs (selon une étude de l'Université de Pau, qui indique qu'Anjel Lekuona travaillait dans une entreprise de bois à Arudy, à quelques kilomètres de ce camp).


Grâce aux consultations dans différents archives, nous avons pu en apprendre davantage (dates, documentation sur les convois dans lesquels les prisonniers étaient transportés, etc.). En reliant tous ces bouts, en consultant de nombreuses archives et en contactant d'autres historiens, il a été découvert que les cendres d'Anjel Lekuona, ainsi que celles de nombreux autres exécutés par les nazis, reposent dans le mémorial du Crématorium de Strasnice à Prague. Grâce au courage et à la décision du responsable de ce crématorium, Frantisek Suchy, qui, désobéissant aux ordres des SS, a documenté chacune de ces crémations et conservé les cendres dans des urnes numérotées, les cachant dans un endroit isolé du crématorium.

 

Cendres et dignité

Avec les cendres d'Anjel Lekuona, dans l'urne funéraire numérotée 62.559, ont été cachées les cendres de six autres prisonniers espagnols dans leurs urnes respectives, toutes également correctement numérotées, correspondant à : Enric Moner Castell (Figueres, Girona), Pedro Raga Castell (Ulldecona, Tarragona), Antonio Medina García (Motril, Granada), Rafael Moyá Pujol (Andratx, Illes Balears), Vicente Vila Cuenca (Alberic, Valencia) et Antonio Clemente Jódar (Antas, Almeria).
 
FAMILLES


Recherche et Gratitude


Cette découverte inédite, réalisée par le chercheur Unai Egia, a orienté l'enquête sur un chemin totalement inattendu. Il s'agissait désormais de rechercher et de trouver les familles de ces cinq autres personnes. Après une recherche laborieuse, des membres de la famille de presque tous ont été localisés, à l'exception, pour l'instant (2024), des proches de Vicente Vila Cuenca.


Au-delà de la localisation des familles de ces individus, ce qui est important et gratifiant est qu'un groupe de personnes a été formé, uni par la tragédie que nos proches ont subie et que nous avons sortis de l'oubli.

DE L'OUBLI A LA MEMOIRE


Environ 9 500 Espagnols sont passés par l'un des camps de concentration nazis: Mauthausen, Buchenwald, Ravensbrück, Dachau, Flossenbürg, etc. Peu en sont sortis vivants, et les rares survivants ont été contraints de rester résider dans l'État français pour la plupart, ou d'émigrer en Amérique du Sud.


 


TOUJOURS RECONNAISSANT

Grâce au travail d'historiens comme Benito Bermejo, Sandra Checa (qui ont publié le Livre Mémorial en 2006, 61 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale), Josu Chueca avec son travail sur le camp de Gurs, et Etxahun Galparsoro avec ses recherches sur les Basques dans les camps de concentration nazis, et également grâce au travail des associations mémorialistes, il a été possible de donner de la visibilité à ceux qui ont souffert des horreurs des camps nazis.

Merci aussi à la persévérance du Groupe de travail pour la préservation de la mémoire des déportés du camp nazi de Hradistko. Il est nécessaire de mentionner plusieurs réalisations de ce groupe : quatre Stolpersteine ont été placés en hommage à Enric Moner Castell, Rafael Moyá Pujol, Antonio Medina García et Anjel Lekuona Beitia.

Conscience, Coopération
et Respect

En avril 2022, un hommage a été rendu à ces six personnes au crématorium civil de Strasnice (Prague), une cérémonie impliquant les autorités tchèques et à laquelle ont assisté des représentants de l'Allemagne, de la France, de l'Espagne, ainsi que du Govern de la Generalitat de Catalunya, du Govern des Illes Balears et de l'Institut Gogora. Les familles de ces six personnes se sont également rendues à Hradistko, où lors d'une simple cérémonie, ils ont planté un chêne, symbolisant la liberté et l'amitié entre les peuples du monde. À la suite de cette relation, les villes de Busturia et Hradistko ont convenu de signer un accord de jumelage, dont l'une des conséquences est la mise en place de ce panneau.